Il faut défendre l’héritage de Fanon et il faut critiquer Fanon. Toute démarche acritique nourrit aujourd’hui des courants liquidateurs de la perspective révolutionnaire. Qu’avons-nous à apprendre de Fanon et qu’avons-nous à désapprendre de ses idées ? Franz Fanon a eu une influence non négligeable sur nombre de mouvements révolutionnaires, d’abord dans les immenses périphéries de l’impérialisme, particulièrement en Afrique, en Asie, et au cœur des centres impérialistes comme le montre l’exemple emblématique des Black Panther Party. Son engagement et ses analyses sur les soulèvements des « Damnés de la terre » ou sur les errements des dites indépendances nationales des ex-colonies sont des legs d’avenir . Pour autant, la pensée de Fanon, aujourd’hui falsifiée et gadgétisée, du fait des mouvances décoloniales, peut nourrir des illusions sur une « libération » au sein des rapports du capital. Contre tout subjectivisme, nous proposons de comprendre les limites de la pensée de Fanon au regard de la stratégie révolutionnaire, sur la place de la violence révolutionnaire, le rôle du lumpenproletariat, ou de celui de l’autonomie vis-à-vis de la bourgeoisie nationale. Notre but est de reprendre et de poursuivre le travail entamé par le communiste vietnamien Nguyen Nghe dans un article lumineux rendu enfin disponible.
